Contrairement à un projet de construction neuve, les projets de rénovation intègrent souvent des complexités cachées car il s’agit de s’adapter à l’existant et donc, à plus ou moins de contraintes, qu’elles soient techniques, budgétaires ou réglementaires. Dans la suite nous allons lister les étapes clefs à suivre de près pour mener à bien son projet.
1. Le diagnostic
D’un coté, vous avez des souhaits et des idées, de l’autre il y a peut-être d’autres solutions plus judicieuses, des contraintes techniques et des réalités budgétaires. Il est alors utile de faire un diagnostic avec un professionnel (architecte ou maître d’oeuvre). Cet acteur doit être expérimenté dans le secteur très spécifique de la rénovation. Il doit avoir des compétences complémentaires : de la créativité afin de pouvoir dessiner de belles choses, une solide connaissance technique pour ne pas passer à coté de contraintes importantes, une bonne connaissance de l’économie de la construction pour pouvoir, dès la première visite, évaluer le budget de votre projet.
A l’issue de ce premier travail, vous saurez si :
1.1 votre objectif d’aménagement est réalisable
1.2 le coût prévisionnel du projet est en adéquation avec vos finances
2. L’étude architecturale du projet
1.1 et 1.2 sont validés, on passe maintenant à l’étude architecturale pour bien définir le projet. S’il est de faible ampleur ou peu complexe (rénovation de salle de bain, mise aux normes électriques, changement de fenêtres…), vous pouvez vous coller vous-même à sa définition. Dans le cas contraire, pour un projet de plus grande ampleur, confiez ce travail à l’architecte.
Cet avant-projet va s’effectuer en plusieurs étapes :
– Le métré. C’est un relevé de l’existant. Il doit être précis car c’est une base du travail.
– L’esquisse. Elle consiste à dessiner le compromis entre votre programme (3 chambre, un grand salon, 2 salle de bains, un couchage sur mezzanine, etc.), les idées de l’architecte, les contraintes techniques et budgétaires.
– Les plans détaillés. Ils représentent la définition exacte du travail d’esquisse. Ils sont généralement réalisés au 1/50ème et il est nécessaire d’avoir un plan par corps de métier (implantation des cloisons pour le plaquiste, prises, tableau, lumière pour l’électricien, réseau d’eau, sanitaires et chauffage pour le plombier…). Les plans doivent tenir compte de tous les aspects techniques (caissons pour passage de câbles électriques, passage des tuyaux de chauffage, installation réglementaires d’une chaudière, etc.) Il doivent évidement être très précis car il n’est pas question, une fois que les cloisons sont montées, que le bac à douche ne rentre pas.
– Le descriptif des travaux à réaliser. A partir des plans, il s’agit ensuite de lister les travaux à réaliser et de les classer par corps de métier. Tout au long de cette étape, un bon professionnel doit être capable d’évaluer le coût engendré par chacun de ses coups de crayon. Autant il peut être aisé de dessiner un joli projet sans se soucier de l’aspect financier, autant il est plus compliqué d’imaginer de jolies choses tout en les faisant entrer dans un budget déterminé.
A l’issue de l’étape 2, vous devez avoir en mains :
2.1 Une jolie perspective 3D de votre projet, histoire de pouvoir montrer de belles images colorées de votre futur intérieur.
2.2 Des plans détaillés, cotés et annotés au 1/50ème pour chacun des corps de métier.
2.3 Une liste de travaux à réaliser pour chacun des corps de métier.
3. Budget et planification
Maintenant que vous y voyez plus clair et que le projet est parfaitement défini, il vous faut former la bonne équipe. En gros trouver les artisans qui feront le travail que vous ne voulez ou ne pouvez pas faire.
Les plans détaillés et la liste des travaux constituent le dossier de consultation. L’étape de consultation peut-être faite par vous-même si vous avez :
– du temps pour faire visiter et rappeler sans cesse les artisans pour obtenir les devis ;
– une âme de « profiler » pour jauger du sérieux de vos interlocuteurs ;
– un minimum de connaissances techniques pour bien analyser et comparer les devis.
Sinon, là aussi, faites-vous aider par le maître d’oeuvre. Cependant, que vous vous colliez ou non à l’étape de consultation, suivez ces quelques conseils :
– Essayez au maximum de diminuer le nombre d’acteurs sur votre chantier afin de faciliter le suivi de travaux et de diminuer la durée de chantier. Notamment pour les lots comme l’électricité, la plomberie et le plâtrerie où les périodes de travaux se chevauchent.
– Préférez les devis très détaillés où chaque ligne de travaux correspond à une tâche à réaliser. Évitez les devis trop vagues du type « Pose d’éléments sanitaires » qui concourront à la fin, à des batailles du type « ça ce n’était pas prévu… Mais si c’était prévu… Mais non c’était pas prévu… ». Lorsque tout est détaillé, ce type de questions ne se pose plus.
– Choisissez des artisans qui ont l’habitude de travailler ensemble et dans la mesure du possible qui s’apprécient mutuellement. C’est beaucoup plus facile à gérer et personne ne sera là pour jeter la faute sur l’autre…
– Si possible, gardez une marge de sécurité budgétaire. Même si beaucoup d’attention doit être portée à la définition du projet, il est très fréquent, en cours de chantier, de voir s’ajouter une liste de travaux supplémentaires, que ce soit pour coller à de nouvelles volontés des clients ou bien parce qu’il est apparu une difficulté technique particulière.
– En plus du devis, chaque artisan doit être en mesure de donner une durée approximative pour la réalisation des travaux ainsi qu’une plage de disponibilités.
Ainsi, à l’issue de cette 3ème étape, vous devez avoir :
3.1 Une liste de devis des entreprises sélectionnés
3.2 Des sous de côté et (ou) des accords de prêt en concordance avec le budget du projet
3.3 Un planning
4. Suivi, coordination et réception des travaux
Les étapes 1, 2, et 3 ont été passées avec succès. Vous avez un joli projet, des plans, une équipe d’artisans, professionnels et honnêtes, ainsi que l’argent nécessaire au projet. Alors, c’est presque gagné. Il vous reste maintenant à suivre, coordonner et réceptionner les travaux.
Pour suivre les travaux, vous passez de temps à autre sur le chantier, vous vérifiez que la cloison est bien verticale et placée à 1m27 du mur comme indiqué sur le plan. Avec de bons plans et de bons artisans, la tâche est aisée. Par contre si au moins l’une des deux conditions n’est pas remplie, préparez-vous à passer quelques nuits blanches.
La coordination est aussi une tâche aisée si les acteurs sont peu nombreux. Cela se complexifie quand vous devez faire intervenir l’électricien juste après le plaquiste mais juste avant le plombier qui doit passer après le plaquiste qui lui-même doit revenir avant l’électricien…
La réception des travaux est une formalité si le travail a été réalisé dans les règles de l’art et suivant une liste de travaux bien détaillés. Dans le cas contraire, attendez-vous à des réunions un peu plus embarrassantes…
Pour toutes ces étapes, vous pouvez agir seul ou bien, là aussi confier cette mission à un maître d’oeuvre.
5. La crémaillère
Ça y est, vous êtes presque au bout. Vous êtes un peu fatigué mais vous arrivez encore à trouver le sommeil, vous n’avez toujours pas divorcé et votre compte en banque est encore un peu en positif. Ne lâchez rien, reste bien évidement l’ultime étape : la crémaillère !